L’économie de l’attention n’est pas neutre

Un système fondé sur la captation continue produit mécaniquement accélération, simplification et exposition permanente.

L’économie de l’attention est souvent présentée comme une simple réponse à la demande. Cette lecture est incomplète. L’économie de l’attention ne se contente pas de capter. Elle oriente.

Transformer l’attention en ressource

L’attention est devenue une ressource économique directe. Elle est finie, mesurable et monétisable. Plus la présence dure, plus la valeur produite augmente.

Le modèle repose sur cette continuité. Non sur la qualité de l’expérience, mais sur sa durée.

Maintenir la présence

Le principe est simple : éviter l’arrêt. Réduire les interruptions, faciliter le retour, rendre l’action suivante plus probable que la fermeture.

Les interfaces sont dessinées pour réduire les frictions. Le scroll infini, la lecture automatique, la notification au bon moment concourent tous au même objectif.

Favoriser certains contenus

Un tel modèle ne peut pas être neutre. Il favorise les contenus courts, réactifs, polarisants. Ceux qui exigent du temps, du silence ou de la continuité mentale s’y ajustent mal.

Ce n’est pas une intention idéologique. C’est une conséquence mécanique.

Une asymétrie structurelle

D’un côté, des individus discontinus. De l’autre, des systèmes continus. L’individu mobilise sa volonté. Le système mobilise l’ingénierie.

Les ressources ne sont pas comparables.

Suspension

L’économie de l’attention n’est pas un espace neutre de choix individuels.
C’est un modèle organisé qui produit des effets prévisibles.
La question ouverte reste celle de la possibilité du retrait dans un environnement qui, lui, ne s’arrête jamais.